
C’est désormais officiel : le 28 septembre 2025, le peuple suisse a voté oui à la suppression de la valeur locative. Une réforme historique vient d’être adoptée, mettant fin à un impôt controversé sur un revenu fictif que les propriétaires ne perçoivent pas réellement.
Mais si ce vote marque un tournant national, le Valais, canton à majorité de propriétaires, se retrouve au cœur de nombreux questionnements. Quels seront les impacts concrets pour les ménages valaisans ? Que changera cette réforme sur le plan fiscal, économique et politique dans notre région ? Et quand entrera-t-elle en vigueur ?

Décryptage complet d’un choix de société qui va remodeler l’imposition immobilière en Suisse.
Résultat des votations : la Suisse dit OUI, mais le Valais dit NON
Lors du scrutin du 28 septembre 2025, 57,7 % des Suisses ont accepté la réforme fédérale sur l’imposition de la propriété du logement.
Mais le Canton du Valais a majoritairement rejeté le texte, avec environ 61 % de non.

Ce décalage souligne une réalité régionale forte : en Valais, où plus de 60 % de la population est propriétaire de son logement, la réforme est perçue avec méfiance, voire comme une menace fiscale déguisée.
Rappel : qu’est-ce que la valeur locative et pourquoi vouloir l’abolir ?
La valeur locative est un revenu fictif imposé aux propriétaires vivant dans leur propre logement. En Suisse, on considère qu’un propriétaire « se verse un loyer à lui-même », et ce montant estimé selon la valeur du bien est ajouté à son revenu imposable.
En contrepartie, les propriétaires peuvent déduire les intérêts hypothécaires et les frais d’entretien de leur bien.
Pourquoi ce système est-il critiqué ?
Il pénalise les propriétaires prudents qui ont remboursé leur hypothèque. Il encourage l’endettement à long terme pour bénéficier de déductions fiscales. Il est considéré comme complexe, injuste et obsolète.
Quand entrera en vigueur cette réforme ?
La mise en œuvre sera progressive. Voici le calendrier prévisionnel :
2026-2027 : adaptation des lois cantonales et fédérales
2028 : entrée en vigueur du nouveau régime fiscal, si toutes les conditions sont réunies
En clair : rien ne change immédiatement. Les propriétaires valaisans disposent encore de 2 à 3 ans pour anticiper et ajuster leur stratégie patrimoniale.

Ce que la réforme prévoit concrètement
Voici les principaux changements votés :
Ce qui est supprimé
La valeur locative pour les résidences principales et secondaires, ainsi que les déductions fédérales pour les intérêts hypothécaires, les travaux d’entretien et les rénovations énergétiques.
Ce qui pourra être maintenu au niveau cantonal
Chaque canton reste libre de maintenir ou non les déductions pour les travaux d’entretien, de rénovation ou d’amélioration énergétique. Le Valais pourra donc continuer à offrir ces déductions s’il le souhaite.
Ce qui est introduit
Un impôt cantonal optionnel sur les résidences secondaires, destiné à compenser les pertes fiscales dues à la suppression de la valeur locative.
Le cas particulier du Valais : quels enjeux locaux ?
Le Valais est l’un des cantons les plus touchés par cette réforme, pour plusieurs raisons :

1. Un canton de propriétaires
Avec un taux de propriété très élevé, de nombreux ménages valaisans bénéficient encore de déductions pour intérêts hypothécaires et travaux. La suppression de ces déductions au niveau fédéral pourrait donc alourdir la charge fiscale pour certains foyers, en particulier les jeunes ménages avec une hypothèque élevée, les propriétaires de chalets ou logements anciens nécessitant des rénovations, et les détenteurs de résidences secondaires dans les stations touristiques comme Verbier, Nendaz ou Crans-Montana.
2. Une forte présence de résidences secondaires
Le Valais compte près de 40 % de résidences secondaires dans certaines communes touristiques. Ces biens étaient jusque-là partiellement imposés via la valeur locative. En supprimant cette base fiscale, le canton perd une ressource importante et devra décider s’il met en place un nouvel impôt immobilier cantonal pour compenser.
3. Un effet politique à surveiller
Ce rejet massif du projet au niveau cantonal crée une tension entre la volonté populaire locale et la décision fédérale. Le Valais devra composer avec une réforme imposée tout en tentant de défendre ses spécificités, notamment en négociant la mise en place d’un impôt sur les résidences secondaires adapté aux réalités locales.

Gagnants et perdants en Valais : à qui profite la réforme ?
✅ Gagnants potentiels
Les propriétaires sans dette ou proches de la retraite verront leur revenu imposable baisser avec la suppression de la valeur locative, sans perte de déductions. Les contribuables bénéficieront d’une fiscalité plus lisible et prévisible. Les ménages souhaitant amortir leur prêt n’auront plus besoin de « garder de la dette » juste pour des raisons fiscales.
❌ Perdants potentiels
Les ménages jeunes ou récemment acheteurs subiront la perte des déductions d’intérêts hypothécaires. Les propriétaires de logements anciens ou mal isolés auront moins d’incitation fiscale à investir dans la rénovation énergétique, sauf si le canton maintient ces déductions. Les communes touristiques risquent une perte fiscale si le canton tarde à mettre en place un impôt de remplacement.

Que faire maintenant en tant que propriétaire valaisan ?
Voici quelques actions concrètes à envisager :
Faites une simulation fiscale de votre situation actuelle comparée au nouveau régime. Anticipez les changements d’ici 2028, mais sans précipitation. Évitez les décisions hâtives : inutile de vous désendetter ou de lancer des travaux en urgence. Consultez un conseiller fiscal ou immobilier pour ajuster votre stratégie patrimoniale. Suivez de près les décisions du Grand Conseil valaisan, notamment sur l’éventuelle introduction d’un impôt sur les résidences secondaires ou le maintien de déductions cantonales.
Conclusion : une réforme historique, mais à surveiller de près en Valais
La Suisse tourne une page en matière de fiscalité immobilière. Adieu à la valeur locative, un mécanisme jugé obsolète mais encore bien ancré dans les finances de nombreux cantons.
Pour le Valais, la transition s’annonce délicate. Il faudra trouver un équilibre entre justice fiscale, soutenabilité budgétaire et préservation du tissu local, en particulier dans les zones touristiques.
Plus que jamais, les propriétaires doivent se tenir informés, anticiper et s’entourer des bons conseils pour traverser ce changement avec sérénité.